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| les fables de la fontaine | |
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Invité Invité
| Sujet: les fables de la fontaine Mer 18 Juil - 12:02 | |
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LA GÉNISSE, LA CHÈVRE ET LA BREBIS, EN SOCIÉTÉ AVEC LE LION. La génisse, la chèvre, et leur sœur la brebis, Avec un fier lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au temps jadis, Et mirent en commun le gain et le dommage. Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris. Vers ses associés aussitôt elle envoie. Eux venus, le lion par ses ongles compta, Et dit : " Nous sommes quatre à partager la proie. " Puis en autant de parts le cerf il dépeça ; Prit pour lui la première en qualité de Sire : " Elle doit être à moi, dit-il ; et la raison, C'est que je m'appelle lion : A cela l'on n'a rien à dire. La seconde, par droit, me doit échoir encor : Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort. Comme le plus vaillant, je prétends la troisième. Si quelqu'une de vous touche à la quatrième, Je l'étranglerai tout d'abord. "
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine Jeu 19 Juil - 7:44 | |
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Le Corbeau et le Renard Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : "Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. " A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. " Le Corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine Ven 20 Juil - 6:10 | |
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Le Coq et le Renard Sur la branche d'un arbre était en sentinelle Un vieux Coq adroit et matois. "Frère, dit un Renard, adoucissant sa voix, Nous ne sommes plus en querelle : Paix générale cette fois. Je viens te l'annoncer ; descends, que je t'embrasse. Ne me retarde point, de grâce ; Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer. Les tiens et toi pouvez vaquer Sans nulle crainte à vos affaires ; Nous vous y servirons en frères. Faites-en les feux dès ce soir. Et cependant viens recevoir Le baiser d'amour fraternelle. - Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais Apprendre une plus douce et meilleur nouvelle Que celle De cette paix ; Et ce m'est une double joie De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers, Qui, je m'assure, sont courriers Que pour ce sujet on envoie. Ils vont vite, et seront dans un moment à nous. Je descends ; nous pourrons nous entre-baiser tous. -Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire : Nous nous réjouirons du succès de l'affaire Une autre fois. Le galand aussitôt Tire ses grègues, gagne au haut, mal content de son stratagème ; Et notre vieux Coq en soi-même Se mit à rire de sa peur ; Car c'est double plaisir de tromper le trompeur.
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine Ven 20 Juil - 11:04 | |
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Oh le corbeau et le renard !!! J'ai du l'apprendre pour l'école .. |
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine Lun 23 Juil - 6:09 | |
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LE LOUP ET LE CHIEN. Un loup n'avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde. Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau, Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde. L'attaquer, le mettre en quartiers, Sir loup l'eût fait volontiers ; Mais il fallait livrer bataille, Et le mâtin était de taille A se défendre hardiment. Le loup donc l'aborde humblement, Entre en propos, et lui fait compliment Sur son embonpoint, qu'il admire. " Il ne tiendra qu'à vous beau sire, D'être aussi gras que moi, lui repartit le chien. Quittez les bois, vous ferez bien : Vos pareils y sont misérables, Cancres, hères, et pauvres diables, Dont la condition est de mourir de faim. Car quoi ? rien d'assuré ; point de franche lippée ; Tout à la pointe de l'épée. Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. " Le loup reprit : " Que me faudra-t-il faire ? - Presque rien, dit le chien : donner la chasse aux gens Portants bâtons, et mendiants ; Flatter ceux du logis, à son maître complaire : Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons, Os de poulets, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse. " Le loup déjà se forge une félicité Qui le fait pleurer de tendresse. Chemin faisant, il vit le col du chien pelé. " Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose. - Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché De ce que vous voyez est peut-être la cause. - Attaché ? dit le loup : vous ne courez donc pas Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ? Il importe si bien, que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. " Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encor.
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine Mar 24 Juil - 7:37 | |
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LA CIGALE ET LA FOURMI. La cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue : Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. " Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'août, foi d'animal, Intérêt et principal. " La Fourmi n'est pas prêteuse : C'est là son moindre défaut. " Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. - Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. - Vous chantiez ? j'en suis fort aise : Eh bien ! dansez maintenant. "
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine Mer 25 Juil - 13:10 | |
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le petit poisson et le pecheur
Petit poisson deviendra grand Pourvu que Dieu lui prête vie; Mais le lâcher en attendant, Je tiens pour moi que c'est folie: Car de le rattraper il n'est pas trop certain
Un carpeau, qui n'était encore que fretin, Fut pris par un pêcheur au bord d'une rivière. «Tout fait nombre, dit l'homme en voyant son butin; Voilà commencement de chère et de festin : Mettons-le en notre gibecière.» Le pauvre carpillon lui dit en sa manière : «Que ferez-vous de moi ? Je ne saurais fournir Au plus qu'une demi-bouchée. Laissez-moi carpe devenir : Je serai par vous repêchée; Quelque gros partisan m'achètera bien cher : Au lieu qu'il vous en faut chercher Peut-être encor cent de ma taille Pour faire un plat. Quel plat ? croyez-moi, rien qui vaille. - Rien qui vaille ? Eh bien ! soit, repartit le pêcheur : Poisson, mon bel ami, qui faites le prêcheur, Vous irez dans la poêle; et vous avez beau dire, Dès ce soir on vous fera frire .»
Un Tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux Tu l'auras; L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les fables de la fontaine Mer 1 Aoû - 7:24 | |
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L'HIRONDELLE ET LES PETITS OISEAUX. Une hirondelle en ses voyages Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu Peut avoir beaucoup retenu. Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages, Et devant qu'ils fussent éclos, Les annonçait aux matelots. Il arriva qu'au temps que la chanvre se sème, Elle vit un manant en couvrir maints sillons. " Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux oisillons : Je vous plains ; car pour moi, dans ce péril extrême, Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin. Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ? Un jour viendra, qui n'est pas loin, Que ce qu'elle répand sera votre ruine. De là naîtront engins à vous envelopper, Et lacets pour vous attraper, Enfin mainte et mainte machine Qui causera dans la saison Votre mort ou votre prison : Gare la cage ou le chaudron ! C'est pourquoi, leur dit l'hirondelle, Mangez ce grain ; et croyez-moi. " Les oiseaux se moquèrent d'elle : Ils trouvaient aux champs trop de quoi. Quand la chènevière fut verte, L'hirondelle leur dit : " Arrachez brin à brin Ce qu'a produit ce maudit grain, Ou soyez sûrs de votre perte. - Prophète de malheur, babillarde, dit-on, Le bel emploi que tu nous donnes ! Il nous faudrait mille personnes Pour éplucher tout ce canton. " La chanvre étant tout à faire crue, L'hirondelle ajouta : " Ceci ne va pas bien ; Mauvaise graine est tôt venue. Mais puisque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien, Dès que vous verrez que la terre Sera couverte, et qu'à leurs blés Les gens n'étant plus occupés Feront aux oisillons la guerre ; Quand reginglettes et réseaux Attraperont petits oiseaux, Ne volez plus de place en place, Demeurez au logis, ou changez de climat : Imitez le canard, la grue, et la bécasse. Mais vous n'êtes pas en état De passer, comme nous, les déserts et les ondes, Ni d'aller chercher d'autres mondes ; C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit sûr, C'est de vous renfermer aux trous de quelque mur. " Les oisillons, las de l'entendre, Se mirent à jaser aussi confusément Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre Ouvrait la bouche seulement. Il en prit aux uns comme aux autres : Maint oisillon se vit esclave retenu.
Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres, Et ne croyons le mal que quand il est venu. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les fables de la fontaine Sam 18 Aoû - 20:09 | |
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SIMONIDE PRÉSERVÉ PAR LES DIEUX. On ne peut trop louer trois sortes de personnes : Les dieux, sa maîtresse, et son roi. Malherbe le disait ; j'y souscris, quant à moi : Ce sont maximes toujours bonnes. La louange chatouille et gagne les esprits. Les faveurs d'une belle en sont souvent le prix. Voyons comme les dieux l'ont quelquefois payée.
Simonide, avait entrepris L'éloge d'un athlète ; et la chose essayée, Il trouva son sujet plein de récits tout nus. Les parents de l'athlète étaient gens inconnus ; Son père, un bon bourgeois ; lui, sans autre mérite ; Matière infertile et petite. Le poète d'abord parla de son héros. Après en avoir dit ce qu'il en pouvait dire, Il se jette à côté, se met sur le propos De Castor et Pollux ; ne manque pas d'écrire Que leur exemple était aux lutteurs glorieux ; Élève leurs combats, spécifiant les lieux Où ces frères s'étaient signalés davantage ; Enfin l'éloge de ces dieux Faisait les deux tiers de l'ouvrage. L'athlète avait promis d'en payer un talent ; Mais quand il le vit, le galand N'en donna que le tiers ; et dit fort franchement Que Castor et Pollux acquittassent le reste. " Faites-vous contenter par ce couple céleste. Je vous veux traiter cependant : Venez souper chez moi ; nous ferons bonne vie : Les conviés sont gens choisis, Mes parents, mes meilleurs amis ; Soyez donc de la compagnie. " Simonide promit. Peut-être qu'il eut peur De perdre, outre son dû, le gré de sa louange. Il vient : l'on festine, l'on mange. Chacun étant en belle humeur, Un domestique accourt, l'avertit qu'à la porte Deux hommes demandaient à le voir promptement. Il sort de table ; et la cohorte N'en perd pas un seul coup de dent. Ces deux hommes étaient les gémeaux de l'éloge. Tous deux lui rendent grâce ; et pour prix de ses vers, Ils l'avertissent qu'il déloge, Et que cette maison va tomber à l'envers. La prédiction en fut vraie. Un pilier manque ; et le plafonds, Ne trouvant plus rien qui l'étaie, Tombe sur le festin, brise plats et flacons, N'en fait pas moins aux échansons. Ce ne fut pas le pis ; car pour rendre complète La vengeance due au poète, Une poutre cassa les jambes à l'athlète, Et renvoya les conviés Pour la plupart estropiés. La Renommée eut soin de publier l'affaire : Chacun cria miracle. On doubla le salaire Que méritaient les vers d'un homme aimé des dieux. Il n'était fils de bonne mère Qui, les payant à qui mieux mieux, Pour ses ancêtres n'en fit faire.
Je reviens à mon texte, et dis premièrement Qu'on ne saurait manquer de louer largement Les dieux et leurs pareils ; de plus, que Melpomène
Souvent, sans déroger, trafique de sa peine ; Enfin qu'on doit tenir notre art en quelque prix. Les grands se font honneur dès lors qu'ils nous font grâce : Jadis l'Olympe et le Parnasse Étaient frères et bons amis.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les fables de la fontaine Lun 20 Aoû - 8:02 | |
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LA MORT ET LE MALHEUREUX. Un malheureux appelait tous les jours La Mort à son secours. " O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle ! Viens vite, viens finir ma fortune cruelle. ! " La Mort crut, en venant, l'obliger en effet. Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre. " Que vois-je ? cria-t-il, : ôtez-moi cet objet ; Qu'il est hideux ! que sa rencontre Me cause d'horreur et d'effroi ! N'approche pas, ô Mort ; ô Mort, retire-toi. "
Mécénas fut un galant homme ; Il a dit quelque part : " Qu'on me rende impotent, Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme Je vive, c'est assez, je suis plus que content. " Ne viens jamais, ô Mort ; on t'en dit tout autant.
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| | | Jean-Louis Administrateur
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine Lun 20 Aoû - 8:07 | |
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Merci véro! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les fables de la fontaine Jeu 23 Aoû - 7:22 | |
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LA MORT ET LE MALHEUREUX. Un malheureux appelait tous les jours La Mort à son secours. " O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle ! Viens vite, viens finir ma fortune cruelle. ! " La Mort crut, en venant, l'obliger en effet. Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre. " Que vois-je ? cria-t-il, : ôtez-moi cet objet ; Qu'il est hideux ! que sa rencontre Me cause d'horreur et d'effroi ! N'approche pas, ô Mort ; ô Mort, retire-toi. "
Mécénas fut un galant homme ; Il a dit quelque part : " Qu'on me rende impotent, Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme Je vive, c'est assez, je suis plus que content. " Ne viens jamais, ô Mort ; on t'en dit tout autant.
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine Jeu 23 Aoû - 10:53 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les fables de la fontaine Ven 28 Sep - 13:54 | |
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LE RENARD ET LA CIGOGNE. Compère le renard se mit un jour en frais, Et retint à dîner commère la cigogne. Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts : Le galand, pour toute besogne, Avait un brouet clair ; il vivait chichement. Ce brouet fut par lui servi sur une assiette : La cigogne au long bec n'en put attraper miette, Et le drôle eut lapé le tout en un moment. Pour se venger de cette tromperie, A quelque temps de là, la cigogne le prie. " Volontiers, lui dit-il ; car avec mes amis Je ne fais point cérémonie. " A l'heure dite, il courut au logis De la cigogne son hôtesse ; Loua très fort la politesse ; Trouva le dîner cuit à point : Bon appétit surtout ; renards n'en manquent point. Il se réjouissait à l'odeur de la viande Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande. On servit, pour l'embarrasser, En un vase à long col et d'étroite embouchure. Le bec de la cigogne y pouvait bien passer ; Mais le museau du sire était d'autre mesure. Il lui fallut à jeun retourner au logis, Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris, Serrant la queue, et portant bas l'oreille.
Trompeurs, c'est pour vous que j'écris : Attendez-vous à la pareille
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les fables de la fontaine Mar 30 Oct - 17:11 | |
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CONTRE CEUX QUI ONT LE GOÛT DIFFICILE. Quand j'aurais en naissant reçu de Calliope Les dons qu'à ses amants cette muse a promis, Je les consacrerais aux mensonges d'Ésope : Le mensonge et les vers de tout temps sont amis. Mais je ne me crois pas si chéri du Parnasse Que de savoir orner toutes ces fictions. On peut donner du lustre à leurs inventions : On le peut, je l'essaie : un plus savant le fasse. Cependant jusqu'ici d'un langage nouveau J'ai fait parler le loup et répondre l'agneau ; J'ai passé plus avant : les arbres et les plantes Sont devenus chez moi créatures parlantes. Qui ne prendrait ceci pour un enchantement ? " Vraiment, me diront nos critiques, Vous parlez magnifiquement De cinq ou six contes d'enfant. - Censeurs, en voulez-vous qui soient plus authentiques Et d'un style plus haut ? En voici : " Les Troyens, Après dix ans de guerre autour de leurs murailles, Avaient lassé les Grecs, qui par mille moyens, Par mille assauts, par cent batailles, N'avaient pu mettre à bout cette fière cité, Quand un cheval de bois, par Minerve inventé, D'un rare et nouvel artifice, Dans ses énormes flancs reçut le sage Ulysse, Le vaillant Diomède, Ajax l'impétueux, Que ce colosse monstrueux Avec leurs escadrons devait porter dans Troie, Livrant à leur fureur ses dieux mêmes en proie : Stratagème inouï, qui des fabricateurs Paya la constance et la peine. " - C'est assez, me dira quelqu'un de nos auteurs : La période est longue, il faut reprendre haleine ; Et puis votre cheval de bois, Vos héros avec leurs phalanges, Ce sont des contes plus étranges Qu'un renard qui cajole un corbeau sur sa voix : De plus, il vous sied mal d'écrire en si haut style. - Eh bien ! baissons d'un ton. " La jalouse Amarylle Songeait à son Alcippe, et croyait de ses soins N'avoir que ses moutons et son chien pour témoins. Tircis, qui l'aperçut, se glisse entre des saules ; Il entend la bergère adressant ces paroles Au doux Zéphire, et le priant De les porter à son amant. " - Je vous arrête à cette rime, Dira mon censeur à l'instant ; Je ne la tiens pas légitime, Ni d'une assez grande vertu. Remettez, pour le mieux, ces deux vers à la fonte. - Maudit censeur ! te tairas-tu ? Ne saurais-je achever mon conte ? C'est un dessein très dangereux Que d'entreprendre de te plaire. "
Les délicats sont malheureux : Rien ne saurait les satisfaire
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| Sujet: Re: les fables de la fontaine | |
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